Et une forêt d'ombres et de ruisseaux,
Et le monde entier souriait avec vous,
Lorsque vous nous confiez vos rêves.
Page après page,
Fantaisie après fantaisie,
Je me suis efforcé, même si les temps ont changé,
Que vos rêves soient les miens.
(David Benedictus, Retour à la forêt des rêves bleus)
J'aime profondément l'oeuvre de Milne et je craignais d'être très déçue, voire irritée, par ces nouvelles aventures de Winnie l'Ourson.
J'ai finalement eu une excellente surprise. Le roman de David Benedictus est un bel hommage qui respecte parfaitement l'univers de Winnie et le caractère de chacun des personnages. C'est drôle, poétique et bien sûr, un brin nostalgique.
Les illustrations de Mark Burgess inspirées par celles de E.H. Shepard sont également très réussies. Je vous laisse en juger par vous-mêmes :
Comme dans l'oeuvre de Milne, la peur de grandir, d'oublier et de quitter ses premiers amis avec qui l'on a tissé une relation si intense, est ce qu'il y a de plus inquiétant.
Il se baissa pour prendre Winnie dans ses bras. Un geste peu commode tant Jean-Christophe avait grandi à présent, mais Winnie fit de son mieux pour le serrer entre ses pattes à son tour.
Le menton posé sur la tête de Winnie, Jean-Christophe termina sa phrase.
- Je vais m'en aller quelque temps, mais je compte sur toi pour t'occuper de la forêt.
-Je ferai de mon mieux, répondit Winnie.
(David Benedictus, Retour à la forêt des rêves bleus)
Vous vous demandez peut-être où A.A. Milne a puisé son inspiration?
Winnie, Piglet (Porcinet), Tiger (Tigrou), Eeyore (Bourriquet), Kanga et Roo (Maman Gourou et Petit Gourou) étaient les peluches de son fils, Christopher Robin, à qui étaient dédiées ces histoires merveilleuses.
Rabbit (Lapin) et Owl (Maître Hibou) étaient, quant à eux, de véritables animaux : le lapin de la ferme voisine et le hibou qu'entendait fréquemment la famille, le soir.
Winnie ne s'est pas toujours appelé Winnie. Il s'appelait, à l'origine, Mr Edward.
Le week-end, Christopher Robin se rendait souvent au Zoo de Londres avec sa nourrice. Et c'est là que l'enfant fit la connaissance de l'ours Winnie. Pris de passion pour cet animal, il décida de changer le nom de sa peluche.
L'univers de Winnie est, contrairement à l'image véhiculée, teinté de noirceur.
Bourriquet ne serait-t-il pas un peu dépressif? Et la réaction des animaux à la venue de Maman Gourou et de Petit Gourou ne reflète-t-elle pas celle des humains effrayés par la différence et menés par l'ignorance?
Bien sûr, tout se termine bien mais tout de même, le miel a parfois un petit goût d'amertume...
Un jour, Bourriquet, le vieil âne gris, était seul dans une clairière où le chardon poussait en abondance. Les pattes de devant largement écartées, la tête penchée de côté, il réfléchissait à des tas de choses. Et il s'interrogeait, le coeur plein de tristesse.
"Pourquoi... ? se disait-il. Et comment...?" Puis il reprenait en soupirant : "A quoi bon?"
Il en était là de ses réflexions, ne sachant d'ailleurs plus très bien à quoi il réfléchissait, lorsque Winnie l'Ourson survint en se dandinant.
Winnie, toujours heureux, ne se pose pas ce genre de questions. Et il détient là, la recette de son bonheur.
La soirée était calme et dorée. Ils marchèrent longtemps en silence.
"- Dis-moi Winnie, demanda enfin Porcinet, le matin, quand tu t'éveilles, quelle est la première chose que tu te dis?
- Je commence par me demander ce qu'il y a pour le petit déjeuner. Et toi?
- Moi, je me demande ce qui va se passer d'intéressant dans la journée."
Winnie hocha la tête, pensif.
"Au fond, c'est la même chose", conclut-il.
"Si tu vis 100 ans,j'espère bien vivre 100 ans moins un jour,comme ça,je n'aurais jamais à vivre sans toi."
Retour à la forêt des rêves bleus de David Benedictus et Mark Burgess aux éditions Michel Lafon
Winnie l'Ourson d'A.A. Milne et E.H. Shepard aux éditions Le livre de poche.
Je parle de Winnie ici, là et là aussi
2 commentaires:
Quel beau billet Jo. Tu me donnes vraiment envie de 'fréquenter' Winnie! :)
Je pense que tu apprécierais beaucoup l'univers de ce cher petit Winnie! :)
Je l'aime autant que Pierre Lapin, c'est dire!
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