Je commence seulement ma lecture de Jours de rêve de Kenneth Grahame et déjà, je me sens happée par ces longues journées d'été, de grandes vacances, l'éternité en somme, pour jouer en toute liberté, courir pieds nus dans l'herbe, observer la nature et se réinventer.
Merci Mr Grahame, de m'indiquer à nouveau le chemin de ce paradis si cher à mon cœur.
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Je courais de tous côtés en poussant des cris, j'enfonçais allègrement mes talons dans le sol spongieux, je provoquais des pluie des diamants en frappant d'un bâton l'eau des mares, je lançais à toute volée des mottes de terre vers le ciel. Au bout d'un moment, je me pris à chanter. Les paroles étaient absurdes, un babillage sans suite ; l'air était improvisé, chose monotone, sans rythme, ascendante et descendante, et qui me semblait pourtant l'expression juste, à ce moment la seule appropriée, parfaite et vraie. La société des humains l'eût rejetée avec mépris ; la nature, elle, chantait en chœur, la reconnaissait et l'acceptait sans un soupçon de désaccord.
Et pendant tout ce temps le vent cordial m'appelait, frétillant de camaraderie, du faîte des arbres où il tanguait en mugissant.
"Prends-moi pour guide, aujourd'hui, semblait-il susurrer. Les autres jours de congé tu as suivi le chemin du soleil inébranlable et sans esprit ; vagabond surpris par la nuit, tu as traîné vers la maison tes pieds las, n'ayant pour toute compagnie qu'une lune inexpressive et pâle. Pourquoi ne serait-ce pas moi, aujourd'hui, moi, le fripon, l'hypocrite ? Moi qui fouette dans les coins, qui fais du tapage, qui m'éloigne et m'esquive pour revenir à la charge et donner la chasse ! Je puis te conduire et faire goûter la plus rare et la meilleure des danses, car je suis le plus fort, le capricieux, le maître du désordre ; seul, je suis irresponsable, sans principes, et n’obéis à nulle loi."
Pour ma part, j'étais assez enclin à me prêter à son humeur : n'avais-je pas tout un jour de congé ? Nous nous éloignâmes donc au bras l'un de l'autre, pour ainsi dire, et avec le plus entier abandon je pris le chemin capricieux où me guida mon pilote exempt de chaînes.
(source)
Plus loin, un hérisson mort gisait en travers du sentier... Plus que mort même, nettement faisandé : vue affligeante pour qui avait connu le pauvre diable dans des circonstances plus actives. La nature eût pu tout au moins prendre le temps de verser une larme sur son enfant à la robe rude, sur ses vaines aspirations au cours d'une carrière d'utilité soudain tranchée. Mais que lui importait ! Avec la même liesse son chant continuait à bouillonner, et "La Mort dans la Vie" puis "La Vie dans la Mort" en constituaient les refrains alternés. Regardant autour de moi et voyant, rongés par les moutons, les navets qui jonchaient le sol et dont le cœur avait été grignoté pendant les jours où ils n'avaient pu être arrachés de la terre gelée, je crus discerner dans une faible lueur, la dure signification de ce chant hardi.
(éditions Phébus)
7 commentaires:
Contente de retrouver ce nouveau billet chez toi. Un livre que j'ai noté suite à la lecture du Vent dans les Saules. Le temps viendra sûrement où je le lirai :)
Je t'avais envoyé un commentaire. Je ne sais plus si tu l'as reçu???
à lire cet extrait, on écoute le vent, il nous transporte et joue avec nous, la belle nature est mise à l'honneur, c'est joli et agréable à lire, tout en couleur avec cette belle musique
merci Jo :)
vb
Ce sont de très belles histoires et l'été est la saison idéale pour le découvrir. :-)
A bientôt Milly et VB !
En effet, ça donne envie... de faire une longue pause pour découvrir cet ouvrage ! :-)
Bonjour, Jo !
J'aime énormément la nouvelle chanson qui passe quand on arrive sur ton site... :-)
Merci Fondant !
Il s'agit de la musique du générique de fin de la série animée adaptée de l'oeuvre de Beatrix Potter. ;-)
A bientôt et bon courage pour la rentrée !
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