dimanche 8 novembre 2015

La deuxième à droite puis tout droit jusqu'au matin !

Je suis actuellement en pleine relecture de Peter Pan traduit par Stéphane Labbe pour l'Ecole des Loisirs. 
Depuis l'enfance, j'associe Peter Pan au mois de novembre. Sans doute car c'est à cette période que j'ai reçu mon premier Peter Pan illustré par Eric Kincaid.

C'est toujours avec une émotion intense que je me replonge dans l'univers si poétique de James Matthew Barrie grâce à cette traduction qui m'est très chère. Je connais mal le texte en anglais et ne suis donc pas en mesure de la comparer avec l'original mais après avoir lu plusieurs traductions, je dois dire que celle-ci est ma préférée. Le style est limpide et parvient toujours à saisir mon âme d'enfant et ce, dès les premiers mots.
Et puis, je l'aime tant ce Pays-hors-du-temps ...

Le numéro 27 n'étant distant que de quelques mètres, mais il avait un peu neigé, et les Darling, père et mère, avaient dû adroitement calculer leur trajet pour ne pas maculer leurs chaussures. Ils étaient déjà seuls dans la rue, et toutes les étoiles les observaient. Les étoiles sont magnifiques, mais elles ne peuvent agir en rien, condamnées à tout jamais à demeurer spectatrices. C'est une punition qui leur a été infligée pour une chose qu'elles ont faite il y a si longtemps qu'aucune d'entre elles ne s'en souvient. Chez les plus vieilles, le regard se fait vitreux et la parole rare - leur langage, c'est le scintillement ; les plus jeunes, quant à elles, sont encore à même de s'étonner. Elles n'apprécient pas particulièrement Peter qui, espiègle, à la manie de les surprendre par derrière pour les souffler. Mais elles aiment tant s'amuser que, ce soir-là, elles étaient toutes de son côtés, impatientes de voir les adultes lui laisser le champ libre.
Sitôt la porte du numéro 27 refermée sur M. et Mme Darling, il y avait eu de l'émoi dans le firmament, et la plus petite des étoiles de la Voie lactée avait crié :
- Peter, maintenant !

La préface est très enrichissante et relate, en quelques pages, les drames qui enveloppent notre Peter Pan et son auteur ; le décès du frère de James Matthew Barrie alors qu'il n'avait que sept ans et la dépression de sa mère qui ne fut plus jamais la même.

C'est anecdotique mais j'ai été intéressée d'apprendre que le père de Daphné Du Maurier jouait le capitaine Crochet lors la première représentation de la pièce de théâtre. 

Je vous laisse sur ces quelques mots et m'en retourne au pays-hors-du-temps ...

Le plaisir de la lecture dans notre Peter Pan n'est donc pas celui que peut éprouver le lecteur qui se laisse emporter dans les grandes sagas d'heroic fantasy comme "Le seigneur des anneaux" ou "Harry Potter" : ce n'est pas le plaisir de l'oubli, curieusement, mais plutôt le plaisir d'assister à la construction d'un monde, d'y pénétrer par l'entremise d'un narrateur plaisamment facétieux et d'en sortir, ravi d'avoir retrouvé quelque chose de son enfance.

(illustration d'Eric Kincaid)